Par Rayed CHAÏBI, Président de l’Association pour la Promotion de la Coopération et de l’Amitié entre la France et la Tunisie (Apcaft)
A l’initiative du Président Emmanuel Macron et de la Première ministre de la Barbade, Mia Amor Mottley, Paris accueillera les 22 et 23 juin prochain le Sommet pour un Nouveau pacte financier mondial.
Ce sommet vise à poser les bases d’un système financier international plus réactif, plus juste et plus solidaire, pour ne plus être confronté au choix entre la lutte contre la pauvreté et la transition écologique.
Suite à l’entretien téléphonique entre le Président Macron et le Président Saïed le 3 juin dernier, l’Elysée s’est félicité de la participation du Chef de l’Etat tunisien au Sommet de Paris aux côtés d’une quinzaine de ses homologues africains et des principales institutions financières internationales, à l’instar de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international.
Ce sommet sera —et devra— être l’occasion de réaffirmer l’importance d’une refonte des systèmes financiers internationaux que porte notamment la Première ministre de la Barbade à travers «l’Initiative Bridgetown» lancée en 2022 et réaffirmée lors de la COP27 de Charm El-Cheikh.
En effet, le temps est au réalisme et la compréhension de l’environnement social et économique des pays vulnérables.
La présence de la Tunisie est à la fois déterminante et stratégique au regard des enjeux économiques, financiers et sociaux, mais également du contexte des négociations en cours avec le FMI.
Le Président de la République Kaïs Saïed réaffirmera sans aucun doute qu’une restructuration, indispensable de l’économie tunisienne, ne devra pas se faire au détriment du peuple tunisien.
La Tunisie a traversé l’une des pires crises sanitaires de son histoire à l’été 2021, en affrontant en parallèle une crise économique sans précédent, résultante d’une gestion calamiteuse de ces 10 dernières années, obligeant le pays à négocier pour la 4e fois depuis 2011 avec le FMI.
Comment la Tunisie, «le miracle tunisien» comme le disait le Président Jacques Chirac, en est arrivée là malgré les 1,6 milliard d’euros d’aide de l’Union européenne et les 4,5 milliards de dollars du FMI depuis 2011 ? Pourquoi la Tunisie est encore en difficulté ? A-t-on concrètement et correctement employé ces aides financières internationales ?
Ce qui est certain, c’est qu’aujourd’hui, la Tunisie paye lourdement les conséquences d’une incompétence flagrante dans la gestion de l’appui budgétaire des bailleurs de fonds internationaux.
Il est temps que les institutions financières héritières des Accords de Bretton Woods de 1944 comprennent que nous sommes en 2023 et qu’une nouvelle donne financière et solidaire doit être repensée. Elles doivent aussi comprendre qu’un soutien financier ne doit pas se faire au détriment de la cohésion sociale et qu’une restructuration ne doit pas être synonyme de démolition.
La Tunisie a beaucoup à gagner en s’engageant dans la voie de la transition écologique, la préservation de son littoral, l’économie bleue, la valorisation des déchets ou encore le recyclage agricole.
Nous devons soutenir la Tunisie et engager de nouveaux accords de coopération dans la transition écologique et solidaire, tout en faisant preuve d’une approche réaliste qui prenne en compte la restructuration de sa trajectoire économique et sociale.
«Il y a l’important et il y a l’essentiel», disait le Président Bourguiba et c’est encore plus vrai aujourd’hui : il est important de lutter ensemble et de front contre le réchauffement climatique et la pauvreté, mais tout en préservant l’essentiel, la cohésion de la Nation.